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Elections à risque pour les partis traditionnels

Les élections régionales et municipales qui ont lieu dimanche 24 mai en Espagne pourraient faire chuter le bipartisme qui organise la vie politique espagnole depuis le rétablissement de la démocratie. Les électeurs devront renouveler 13 des 17 Parlements régionaux, dans un pays où les pouvoirs des régions sont très importants, en particulier en matière d’éducation et de santé. L’hégémonie de la droite y est forte : elle tient 13 communautés autonomes. Les électeurs devront aussi choisir 8 122 maires, à commencer par ceux de Madrid, de Barcelone et de Valence, les trois plus grandes villes, dirigées par le Parti populaire (Madrid et Valence) ou des nationalistes conservateurs (Barcelone).

Exode

Ces élections ont lieu après une crise ayant entraîné des traumatismes qui n’ont pas encore pu être soignés par la reprise amorcée en 2014 (+ 1,4 %). Des milliers de jeunes ont émigré pour fuir le chômage, qui touche la moitié d’entre eux et encore 23,7 % de la population active. Le tout dans un climat délétère alimenté par d’innombrables affaires de corruption en pleine cure d’austérité. Depuis le début de mai, la campagne a semblé aussi intense que celle qui précédera sans doute les législatives prévues pour la fin de l’année. Elle reste pleine de suspense, avec 30 % d’indécis juste avant le scrutin. Une partie de l’électorat pourrait se laisser séduire par l’antilibéral Podemos, allié du parti grec Syriza ou Ciudadanos, de centre droit, deux formations fondées par des trentenaires, le professeur de sciences politiques Pablo Iglesias et l’avocat Albert Rivera. D’où les difficultés du Parti populaire (PP) de convaincre du risque posé par les « expérimentations » de Ciudadanos, accusé d’être prêt à s’allier au Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), ou de Podemos, traité de formation « bolchevique » qui détruira les « libertés ».

Nouvelle donne ?

D’après les sondages, ni le Parti populaire du président du gouvernement, Mariano Rajoy, ni le PSOE, qui dirigent alternativement l’Espagne depuis quarante ans, ne devraient être en mesure de décrocher la majorité dans 12 des 13 régions appelées aux urnes. « La fragmentation va être énorme », estime Narciso Michavila, directeur de l’institut de sondage GAD3. « Le PP pourrait affirmer qu’il a remporté les élections, mais ce qui viendra ensuite, les pactes ou la couleur des gouvernements [régionaux et locaux], sera crucial. Le PP va souffrir », ajoute-t-il. Certains politologues estiment même qu’il faudra retourner devant les urnes dans certaines villes ou régions. Signe de cette remobilisation, la proportion d’Espagnols se déclarant « très intéressés » par la politique a doublé entre 2006 et 2012, selon l’enquête European Social Survey. Dans le même temps, le PP et le PSOE se sont effondrés dans l’électorat. Alors qu’ils représentaient, ensemble, 84 % des voix aux élections législatives de 2008 et encore 73 % en 2011, ils pèsent désormais moins de la moitié des voix dans les sondages.

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